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President Donald Trump talks to reporters as he signs executive orders in the Oval Office of the White House, Monday, Jan. 20, 2025, in Washington. (AP Photo/Evan Vucci)

Que nous réserve le second mandat de Trump ? L’histoire nous dit que les retours au pouvoir sont rarement heureux

Seulement deux présidents américains ont réalisé des mandats non consécutifs : Donald Trump et Grover Cleveland à la fin du XIXᵉ siècle, mais la chose s’est vue ailleurs.

À la même époque que Grover Cleveland, les quatre mandats non successifs du premier ministre britannique William Gladstone ont fait des heureux parmi les déménageurs londoniens. Plus récemment, l’Italien Silvio Berlusconi a pris le pouvoir trois fois entre 1995 et 2011. Quant au président brésilien Lula da Silva, 12 années ont séparé son second mandat du troisième, dont une en prison pour corruption.

Un homme brun en costume-cravate
Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée à Paris en novembre 2024. (AP Photo/Sarah Meyssonnier)

Certains pays interdisent ou limitent la répétition : le Mexique, par exemple, ne permet qu’un seul mandat, de six ans. En France, le président ne peut se représenter pour un troisième mandat consécutif, mais Emmanuel Macron, qui en est à son second, aurait tout de même le droit de se représenter pour un troisième en 2032 à condition de passer son tour à l’élection de 2027.

Trump limité à deux mandats au total

Suite aux quatre victoires consécutives de Franklin D. Roosevelt entre 1932 et 1944, le 22ᵉ amendement de Constitution américaine, ratifié en 1951, limite désormais le nombre de mandats à un maximum de deux. Il n’y aura donc pas de troisième acte pour Donald Trump – à moins d’un amendement constitutionnel en ce sens d’ici l’élection de 2028.

En se basant sur l’expérience de chefs d’État et de gouvernement ayant obtenu des mandats espacés, l’histoire nous fournit des indices sur les contours d’un second mandat de Donald Trump.

Un homme corpulent, moustachu et vêtu d’un manteau étroit tient son chapeau haut de forme dans sa main droite et pose pour une photo
Grover Cleveland a prêté serment une première fois en 1885 et une seconde en 1893. (AP Photo/Library of Congress)

Le second mandat de Grover Cleveland ne fut pas aussi heureux que le premier. Aux prises avec une grave récession, ce démocrate a adopté des positions fermes et conservatrices contraires à l’évolution de la société américaine, notamment quant aux syndicats.

Profondément impopulaire à son départ en 1897, Cleveland a laissé le parti démocrate en lambeaux, ouvrant la porte à quatre mandats républicains successifs.

Winston Churchill, premier ministre britannique, est un autre exemple de retour malheureux en 1951, six ans après avoir été premier ministre entre 1940 et 1945. Mais sa victoire contre l’Allemagne nazie préparait plutôt mal l’ex-chef de guerre à devoir gérer le démantèlement de l’Empire britannique ni à répondre aux besoins d’une économie d’après-guerre.


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Au Canada, Pierre Elliott Trudeau a également connu un retour difficile après trois premiers mandats entre 1968 et 1979. Revenu au pouvoir l’année suivante, il a certes pu rapatrier et réécrire la Constitution, mais son gouvernement a souffert de la crise économique et sa politique pour contrer la crise mondiale de l’énergie a durablement aliéné l’Alberta et la Saskatchewan.

Quant à Silvio Berlusconi, son troisième mandat aura été une succession de scandales sexuels et d’accusations de corruption et de fraude fiscale sur fond d’économie en chute libre de crise de la dette nationale.

Un homme aux cheveux noirs gominés ajuste sa cravate
Silvio Berlusconi, lors d’une conférence de presse à Rome au début de son troisième mandat en 2008. (AP Photo/Pier Paolo Cito)

Trump 2

Réélu sur la promesse d’un avenir économique radieux, Donald Trump reconnaît aujourd’hui qu’il sera « très difficile » de faire baisser les prix des produits alimentaires, a fortiori si une récession venait à frapper.

Un homme âgé, aux cheveux gris clairsemés et à la barbe, joint ses mains devant lui
Lula da Silva à Brasilia en octobre 2024. (AP Photo/Eraldo Peres)

À son retour au pouvoir en 2023, Lula da Silva s’est tout de suite entouré d’administrateurs chevronnés et de personnes de confiance aux postes de pouvoir. Et il n’a pas perdu de temps pour annuler par décret plusieurs politiques de son prédécesseur.

Les ministres de Donald Trump se classent parmi ses fidèles des huit dernières années, et il a signé une série de décrets dès le jour 1, notamment quant à l’expulsion massive de résidents sans papiers.

Mais, contrairement à Lula, tous ses ministres ne sont pas des politiciens chevronnés. Elon Musk et Vivek Ramaswamy, qui dirigeront conjointement une commission chargée de réduire les dépenses publiques, sont deux novices en politique et des anticonformistes notoires.

Or, l’histoire révèle que ce genre de profil tient mal la route : les cadres issus du secteur et qui annoncent des changements radicaux peinent à composer avec les lourdeurs administratives et les nécessaires approbations du Congrès. Si bien que leurs résultats sont rarement à la hauteur des promesses.

Ces dirigeants qui reviennent aux affaires sont généralement très conscients qu’ils ont peu de temps devant eux, et la plupart s’efforcent d’être mieux préparés et moins éparpillés. La dernière campagne électorale de Donald Trump, par exemple, s’est déroulée dans la plus grande discipline, sans aucune rotation parmi ses principaux lieutenants.

Pas de rappel en vue

Parmi toutes ces personnalités ayant effectué un retour au pouvoir, le grand âge est une caractéristique commune.

Gladstone a quitté ses fonctions à l’âge de 84 ans et Churchill en avait 80. Lula achèvera son troisième mandat à 81 ans. Au moment de prêter serment cette semaine, Donald Trump était déjà plus vieux que ne l’était Joe Biden au moment de son assermentation en 2021. Et s’il termine son mandat, Donald Trump sera le président américain le plus âgé de l’histoire.

Ces hommes politiques savent que leur vie politique ne se mesure plus en décennies, mais seulement en années. Il n’y aura pas de rappel.

Donald Trump nous a déjà annoncé un second mandat marqué par le durcissement, les ruptures et la provocation, comme en témoignent ses propos annexionnistes à l’endroit du Canada, du Panama et du Groenland.

Or, si l’histoire ne ment pas, cette manière d’aborder un retour au pouvoir comme une reprise du précédent mandat est rarement garante du succès. Car à trop vouloir rejouer dans le même film, ces dirigeants s’avèrent incapables, voire réticents, face aux évolutions sur la scène nationale, économique ou mondiale.

This article was originally published in English